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Affichage des articles du 2007

Politique des anges...

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La politique, c'est d'abord l'une des premières critiques construites du quinquennat Sarkozy sous la plume d'un ancien ministre travailliste, Denis Macshane dans Libération du 11 décembre 2007 : "En 1985, j’ai écrit un article intitulé «Leçons françaises à l’usage du Labour». Le Labour était alors antieuropéen, antiaméricain et opposé à toute modernisation économique. A l’inverse, la France de Mitterrand, de Mauroy et de Fabius soutenait la création du marché unique et encourageait le développement d’entreprises d’envergure internationale comme Saint-Gobain ou Renault. François Mitterrand se rendait au Bundestag, en Allemagne, pour appuyer le programme américain de missiles défensifs contre l’URSS alors que le reste de la gauche européenne trouvait des excuses au régime soviétique. Aujourd’hui, c’est M. Sarkozy qui chante les louanges du protectionnisme et téléphone à Poutine pour le féliciter des résultats d’élections truquées, pendant que le reste de l’Europe

Je me souviens... de la LRU

Les acronymes sont à la mode. Celui qui concerne le milieu académique actuellement est "LRU", pour la loi n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités. Cette loi a déjà des conséquences, puisqu'elle a provoqué le blocage et la suspension des cours dans plusieurs universités en France, notamment à Grenoble où j'enseigne à Sciences Po. Donc, pas de cours, des mobilisations d'étudiants et parfois d'enseignants, des négociations au niveau ministériel et des interrogations sur la réforme de l'enseignement supérieur en France. Que penser de la loi et du mouvement ? Pour un académique travaillant sur l'action publique, cette loi peut être vue de deux façons : comme un analyste des politiques publiques, mais aussi comme un individu appartenant à la "clientèle" de la loi. Du point de vue de la sociologie de l'action publique, cette loi est typique à plus d'un titre. Elle s'intègre tout d'abord

Tribute to Ian Curtis et... Didier Péron

Lu dans Libération du 26 septembre 2007 sous la plume (talentueuse) de Didier Péron, dans un article consacré au film Control , biographie de Ian Curtis, chanteur défunt du lointain Joy Division : "Ce crépuscule des demi-dieux cold et new-wave nous transporte par-delà les ténèbres dans un passé déjà lointain, où la musique était encore une affaire de passion viscérale, non des fichiers échangés sur Internet. Car c'est peut-être ce que le film a de plus frappant, la reconstitution d'un monde étroit où un album d'Iggy Pop représentait la seule bouée à laquelle il était souhaitable de s'agripper (pour couler à pic). Un monde où la solitude était encore un sentiment concret. On écoutait seul Joy dans sa chambre parce que les autres mecs du lycée étaient des beaufs infâmes et qu'ils aimaient Hubert-Félix Thiéfaine. On pouvait écouter cette musique comme l'émanation exacte de cet isolement calamiteux qui a disparu avec l'arrivée du réseau mondial. Un groupe c

Reprise des négociations

La rentrée... Political science is sometimes really boring... Signe de désenchantement, l'absence résolue de toute résolution, ces petites auto-illusions éphémères qui tombent en septembre avec les premières feuilles. Autre signe, le sentiment récurrent que les meilleurs livres sur la politique sont de facture purement littéraire. Parmi les lectures récentes, Bienvenue au club et Le cercle fermé de Jonathan Coe, ou encore Une vie française de Jean-Paul Dubois. Le meilleur reste pour moi All the King's Men de Robert Penn Warren, un roman qui s'inspire de l'histoire de Huey Long, gouverneur de Louisiane de 1928 à 1932. On pourrait citer également les romans de James Ellroy, notamment American Tabloïd ou American Death Trip . Mais il sera toujours temps de parler politique...

I'am an Ipod

Où il est question de l'importance des "objets nomades". Sigur Rós - Glósóli [via FoxyTunes / Sigur Rós ] Et encore. Massive Attack - Unfinished Sympathy [via FoxyTunes / Massive Attack ] Et enfin, toujours les années 1980. Je souscris d'ailleurs à ce message lu sur YouTube : "There should be a worldwide movement to bring back the 80's music without the fashions, of course". The Smiths - There is a light that never goes out [via FoxyTunes / The Smiths ]

PSFIO

L'histoire ne se répète pas, mais certaines situations présentent des analogies pour partie liées à des dynamiques structurantes qui, elles, peuvent se répéter. C'est le cas, me semble-t-il, de la situation du Parti socialiste français, dont les caractéristiques actuelles présentent des points communs peu rassurants avec l'état de la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO) des années 1960. C'est particulièrement le cas au niveau de l'organisation et du leadership, de la doctrine et des programmes affichés, ainsi que de la situation relative du parti dans le système politique. Sur le plan organisationnel tout d'abord, le PS est aujourd'hui comme la SFIO de l'époque un parti dominé par les élus. Les "éléphants" tant décriés (de manière amusante, l'éléphant est le symbole du Parti Républicain aux États-Unis) ne sont que la partie la plus visible d'un appareil essentiellement animé par les élus locaux et nationaux, plus qu

Etat de l'art

"Etat de l'art". C'est toujours par cette expression que l'un des professeurs qui m'a formé, Jean Leca, énonçait l'obligation de faire le point sur l'état de notre discipline, la science politique, dans toute recherche. J'ai été cette année membre du jury d'agrégation de science politique, un concours national qui recrute tous les deux ans les professeurs des universités en science politique sur le modèle de l'agrégation de droit. Quatre épreuves s'étalent sur une année. La première, dite "leçon sur travaux", aboutit à une première sélection, la sous-admissibilité, au terme de laquelle entre un tiers et la moitié des candidats inscrits (environ 45 pour cette agrégation 2006/2007) sont éliminés. Cette "leçon" consiste pour les candidats à faire une présentation synthétique de leurs recherches, qui sont ensuite mises en discussion par les 7 membres du jury. Deuxième épreuve, la première leçon en loge, du nom de la sall

Munich

L'une des découvertes des derniers mois. Un écho de Modern English. Comme quoi, les années 1980... Editors - Munich [via FoxyTunes / Editors ] Sayem, c'est bien aussi. sayem - world of flowers the clip Ajouter à mon profil. | Plus de vidéos Et The Cardigans, pour respecter un rythme ternaire. The Cardigans - Erase Rewind [via FoxyTunes / The Cardigans ]

Trois modèles pour un président

Les élections présidentielles viennent de s'achever en France sur la victoire de Nicolas Sarkozy avec 53 % des suffrages exprimés. L'analyse de son parcours et de la stratégie déployée pour l'emporter renvoie de mon point de vue à trois modèles de conquête du pouvoir : selon un ordre purement chronologique, François Mitterrand, Tony Blair et George Bush. L'analogie avec Mitterrand repose sur deux éléments : la maîtrise du scrutin à deux tours ; la capacité à contrôler un parti anxiogène pour l'électorat. Comme Mitterrand l'avait compris dans les années 1960 en effet, si l'on excepte l'équation particulière que représentait de Gaulle, une élection présidentielle à deux tours se gagne d'abord en parlant à son camp, avant d'élargir son appel électoral au centre. On pourrait même dire en schématisant que cette élection se perd à droite/à gauche et se gagne au centre. Or, contrairement à la stratégie de Lionel Jospin en 2002, focalisée sur le second

De l'esprit des lois

La campagne présidentielle actuelle est comme toujours l'occasion de débattre des caractéristiques du régime et des réformes possibles des institutions. Deux remarques pour commencer : d'abord pour souligner la constance de ces réflexions dans le débat français qui contraste avec l'acceptation tacite ou explicite du régime dans la plupart des démocraties occidentales, comme si le régime politique, et non pas seulement le titulaire du pouvoir, était ici frappé d'une illégitimité quasi ontologique ; ensuite pour constater que ces débats récurrents sont un autre signe de la fermeture relative qui caractéristique l'élite française, car si l'on en croit les sondages d'opinion, le thème de la réforme institutionnelle est l'un des plus décriés par les citoyens, qui y voient un nouveau signe du désintérêt des gouvernants pour les problèmes des gouvernés. Ceci dit, que penser du débat actuel. La plupart des candidats et des universitaires qui nourrissent les diag

Les lieux communs

Toujours Pierre Bayard. En lisant son livre, je découvre une symétrie inattendue avec l'ouvrage de Pierre Bourdieu, Les règles de l'art . Tout en partageant un même objectif de déconstruction/démythification et certains outils rhétoriques (manipulation du paradoxe), les deux ouvrages me paraissent inscrits dans une forme de polarité autour de deux couples antinomiques (liste non exhaustive) : création/réception des livres ; agent/structure. Pour Bourdieu en effet, contrairement au mythe de l'écrivain-créateur, l'analyse des "règles de l'art" tend à montrer à quel point l'acte créatif est conditionné par des dynamiques internes aux champs sociaux considérés (le phénomène des avant-gardes notamment, qui rythme l'évolution du champ littéraire) et par des dynamiques externes fondées sur la pesanteur de certains facteurs propres à une structure sociale donnée. Ces dynamiques externes, sans doute les plus importantes, s'incarnent par exemple dans le

Parler des livres que l'on lit

Expérience amusante de lecture : je suis en train de lire parallèlement le dernier ouvrage de Pierre Bayard, Comment parler des livres que l'on a pas lus? , et le dernier Prix Goncourt, Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Ou comment décider d'aller jusqu'au bout d'un livre qui s'annonce indigeste avec comme viatique un court essai qui théorise la non-lecture comme le rapport ordinaire que nous avons tous aux livres. Pierre Bayard, de la même façon subtile et amusante que dans ses ouvrages précédents, montre en effet, que le rapport le plus courant que nous ayons à la lecture est la non-lecture, qui va de l'ignorance subie ou voulue à l'oubli plus ou moins sélectif de ce que l'on a lu. Le rapport ordinaire à l'écrit n'est donc pas la connaissance , au sens le plus strict du mot, mais la méconnaissance totale ou partielle des livres. Une telle analyse est immédiatement compréhensible, de façon presque sensible, par ceux qui ont pour habitude

Commencer un blog

Commencer un blog tend à devenir une expérience banale, comme l'écriture d'un journal adolescent. Cela m'intéresse ici à deux titres : d'abord comme universitaire, pour voir quels compléments et quelles nouvelles relations cette forme de support peut offrir ; ensuite comme individu pour éprouver de nouvelles relations à l'écrit. Sur ce dernier point, le web a changé de mon point de vue le rapport à l'écrit sur deux plans. Sur le versant "actif" de l'écrit, il permet un contact libéré à l'écriture, en évitant toutes les formes de jugement plus ou moins intériorisées. S'exprimer sur le web rend possible l'évitement de questions paralysantes : Suis-je autorisé à écrire ? Que dois-je écrire ? Est-ce intéressant ? Aucune de ces questions ne se pose sur le web, puisque c'est l'auteur lui-même qui juge de la pertinence de ses écrits et les soumet immédiatement à d'hypothétiques lecteurs, dont il attend (ou pas) des commentaires, de