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Affichage des articles du mars, 2007

Les lieux communs

Toujours Pierre Bayard. En lisant son livre, je découvre une symétrie inattendue avec l'ouvrage de Pierre Bourdieu, Les règles de l'art . Tout en partageant un même objectif de déconstruction/démythification et certains outils rhétoriques (manipulation du paradoxe), les deux ouvrages me paraissent inscrits dans une forme de polarité autour de deux couples antinomiques (liste non exhaustive) : création/réception des livres ; agent/structure. Pour Bourdieu en effet, contrairement au mythe de l'écrivain-créateur, l'analyse des "règles de l'art" tend à montrer à quel point l'acte créatif est conditionné par des dynamiques internes aux champs sociaux considérés (le phénomène des avant-gardes notamment, qui rythme l'évolution du champ littéraire) et par des dynamiques externes fondées sur la pesanteur de certains facteurs propres à une structure sociale donnée. Ces dynamiques externes, sans doute les plus importantes, s'incarnent par exemple dans le

Parler des livres que l'on lit

Expérience amusante de lecture : je suis en train de lire parallèlement le dernier ouvrage de Pierre Bayard, Comment parler des livres que l'on a pas lus? , et le dernier Prix Goncourt, Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Ou comment décider d'aller jusqu'au bout d'un livre qui s'annonce indigeste avec comme viatique un court essai qui théorise la non-lecture comme le rapport ordinaire que nous avons tous aux livres. Pierre Bayard, de la même façon subtile et amusante que dans ses ouvrages précédents, montre en effet, que le rapport le plus courant que nous ayons à la lecture est la non-lecture, qui va de l'ignorance subie ou voulue à l'oubli plus ou moins sélectif de ce que l'on a lu. Le rapport ordinaire à l'écrit n'est donc pas la connaissance , au sens le plus strict du mot, mais la méconnaissance totale ou partielle des livres. Une telle analyse est immédiatement compréhensible, de façon presque sensible, par ceux qui ont pour habitude

Commencer un blog

Commencer un blog tend à devenir une expérience banale, comme l'écriture d'un journal adolescent. Cela m'intéresse ici à deux titres : d'abord comme universitaire, pour voir quels compléments et quelles nouvelles relations cette forme de support peut offrir ; ensuite comme individu pour éprouver de nouvelles relations à l'écrit. Sur ce dernier point, le web a changé de mon point de vue le rapport à l'écrit sur deux plans. Sur le versant "actif" de l'écrit, il permet un contact libéré à l'écriture, en évitant toutes les formes de jugement plus ou moins intériorisées. S'exprimer sur le web rend possible l'évitement de questions paralysantes : Suis-je autorisé à écrire ? Que dois-je écrire ? Est-ce intéressant ? Aucune de ces questions ne se pose sur le web, puisque c'est l'auteur lui-même qui juge de la pertinence de ses écrits et les soumet immédiatement à d'hypothétiques lecteurs, dont il attend (ou pas) des commentaires, de